Entreposage des disquettes chez EyeTech (The Final Cut, 31:44).

Exemple d’images enregistrées par une puce Zoe (The Final Cut, 8:16).

Guillotine, table de montage des images Zoe (The Final Cut, 32:42).

Plaquettes de verre en guise de support de travail (The Final Cut, 18:29).

Titre

Zoe + Guillotine (EyeTech)

Description

Commercialisés par la firme EyeTech, les implants Zoe s’inscrivent dans une nouvelle forme de rite funéraire. L’univers fictionnel de The Final Cut (Omar Naïm, 2004) présente en effet un futur proche où un quart des individus s’est fait implanter avant la naissance une puce cérébrale qui enregistre continuellement les sens de la vision et de l’ouïe et qui génère un fonds d’archives visuelles. À la mort des individus porteurs d’un implant Zoe (ironiquement, zōē en grec exprime le fait de vivre), tout un dispositif institutionnalisé se déploie en vue d’offrir aux proches du défunt (qui en auraient les moyens financiers) une cérémonie funéraire au cours de laquelle est projeté un film-mémoire construit à partir des archives audiovisuelles du défunt. Le déroulement du « rite » est à peu près le même pour toutes les personnes venant de mourir : l’implant est récupéré dans le corps du cadavre, inséré dans une petite disquette nominative et placé dans l’un des multiples casiers métalliques de la banque de données hautement gardée d’EyeTech. La famille du défunt peut choisir ou non de faire appel à un monteur d’images qui ira réclamer la puce originale et produira, à partir des images audiovisuelles enregistrées par celle-ci, un montage d’une durée équivalente à un long métrage cinématographique. Disposant des archives visuelles, le monteur opère des choix narratifs, garde les scènes les plus positives et se départit des plus lourds secrets conservés par la puce grâce à sa machine de montage nommée la Guillotine. Il se fait ainsi le garant et le passeur d’une mémoire épurée du défunt. Contrairement à d’autres médias imaginaires, à l’exemple de Grain, MASS ou Mind’s Eye, l’implant Zoe ne possède qu’une simple fonction d’archivage : à aucun moment les individus porteurs de la puce ne peuvent visionner les images générées par celle-ci. Le film présente en outre un support de mémoire numérique assez singulier : les monteurs travaillent par moment sur des plaquettes de verre dans lesquelles sont conservés des films en cours de montage ou des créations qui ne sont pas destinées à être vues sinon que par le monteur lui-même.

Monde fictionnel

Naïm, Omar (réalisation, scénario), The Final Cut, Canada/Allemagne/États-Unis, 2004, 105 min.

Mots-clés

archives audiovisuelles
montage
rite funéraire
hyperlifelogging
mémoire épisodique
vie privée
témoignage
médiation artistique