Contenus
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Culture visuelle et rhétorique : Image et vérité
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Design, culture et espace social : de la modernité à l'époque contemporaine
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Design, culture et espace social : du XIXe siècle à la modernité
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Culture du design et espace social : de la Renaissance à la modernité
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Méthode d'analyse de l'image
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L'analyse pragmatique et le modèle de l'énonciation
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Introduction à la sémiotique sociale : Imaginaire, discours et idéologie
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Figures de la rhétorique visuelle : la métaphore et la métonymie
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Figures de la rhétorique visuelle
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De la rhétorique ancienne à la sémiologie de Barthes
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L'iconicité : l'image et la représentation
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Signe plastique, langage graphique et sémiose
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Le signe visuel : de la perception au signe
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Peirce et la typologie des modes de production du signe
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Peirce et la sémiose
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Saussure et la sémiologie structuraliste
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Fonctions et fonctionnement du signe
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Le concept de culture
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Signe et imaginaire
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Signe et culture
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George Sand
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Arthur Rimbaud
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[Transplanteur mémoriel] (Phoenix Biogenic)
Dans Self/less, la firme Phoenix Biogenic propose un service illégal de prolongement de la vie. Pour 250 millions USD, une technologie permet de recommencer une nouvelle vie dans un autre corps biologique et sous une nouvelle identité. Atteint d’un cancer incurable, le personnage principal du film, Damian Hale (Ben Kingsley), fait affaire avec l’entreprise pour « transférer » ou « transplanter » sa mémoire dans un nouveau corps. Appelé « shedding » (« faire peau neuve ») dans le film, le transfert se réalise dans une machine magnétique assez imposante ressemblant à une machine d’imagerie par résonance magnétique (IRM). Le processus, très rapide, dure moins de 20 minutes : le client (appelé « patient ») est allongé sur une civière et se fait copier la mémoire, tandis qu’à quelques mètres et parallèle à celui-ci se trouve le corps receveur ou corps-prothèse. Le transfert est direct. Le corps d’origine du client est ensuite acheminé vers un hôpital pour attester de la mort de celui-ci. Quant aux corps biologiques de remplacement, ils sont produits dans les laboratoires de Phoenix Biogenic. Selon le directeur de l’entreprise, le Docteur Albright (Matthew Goode), les corps-prothèses conçus en laboratoire sont de qualité supérieure : « Genetically engineered for perfection, harvested to maturity so looks, athleticism, every detail of your new anatomy were designed to offer you the very best of the human experience. » (05:54) Or, tous les corps receveurs ne sont pas forcément créés en laboratoire. Certains d’entre eux peuvent avoir appartenu à des personnes à qui l’on a préalablement effacé la mémoire épisodique. Dans ce cas, certains fragments de souvenirs, la mémoire procédurale (celle du corps), des capacités physiques et des réflexes peuvent persister et perturber la transplantation, voire causer un rejet de l’implant. Sans une médication adéquate, la mémoire du corps d’origine reprend le dessus et la mémoire implantée se dissipe peu à peu.
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T-SFERT (Syrmedic)
En France, la compagnie Syrmedic a inventé T-SFERT, une technologie de « transfert de mémoire ». Pour fonctionner, les « transferts » fonctionnent à l’aide d’une molécule, inventée pour « séparer l’esprit du corps humain », et d’une machine-ordinateur reliée à deux caissons. Le patient est allongé dans le premier caisson. Sa mémoire est transférée vers le corps receveur contenu dans le second caisson. Comme l’explique le Dr Michel Vautier, spécialiste en « transfert neural », lors d’une procédure, « on observe une reconstitution des circuits neuronaux […] L’esprit prend totalement possession du nouveau corps. C’est comme un fichier informatique que tu copies et qui écrase le fichier précédent » (S01E03, 28:52). À l’origine, les transferts étaient légaux et effectués dans un cadre médical. Une personne en fin de vie, par exemple, pouvait suivre une procédure de transfert si un corps receveur était disponible. Le don de corps est ainsi comparable à un don d’organe, une personne pouvant décider de son vivant de léguer, à sa mort, son corps biologique entier. Cependant, de nombreux patients « transférés » ont vécu des épisodes de rejets (appelés « contre-transferts ») : la mémoire résiduelle du corps receveur ressurgit et provoque des hallucinations psychotiques. La personne transférée devient instable et dangereuse. Les autorités ayant constaté cela, la pratique a été totalement interdite. Mais les procédures de transfert n’ont pas disparu pour autant; des laboratoires illégaux continuent d’exister. Une brigade spécialisée a donc été mise sur pied pour traquer les « transférés » désormais illégaux et les réseaux criminels organisés. Dans la diégèse, il existe un marché noir sur lequel on peut acheter des corps en vue d’un transfert. Les corps en vente appartiennent à des individus non consentants et gardés en captivité. Sur ce marché illégal, les acheteurs font monter les enchères en ligne, jusqu’à débourser 120 000 euros pour un corps receveur.
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Memory Orb (Stelline Laboratory)
L’industriel Niander Wallace a créé une nouvelle lignée d’androïdes biologiques, les Nexus-9 (aussi appelés les « répliquants »). Ceux-ci sont plus dociles que les anciennes générations créées par la Tyrell Corporation. Les êtres artificiels faits de chair et d’os créés par la Wallace Corporation possèdent des souvenirs implantés qui leur confèrent une personnalité, une stabilité émotionnelle et une certaine humanité. La multinationale Wallace achète les souvenirs à des sous-contractants. Elle fait notamment affaire avec le laboratoire indépendant dirigé par Dre Ana Stelline (Carla Juri). Considérée comme la meilleure fabricante de souvenirs à implanter, Stelline fabrique des faux souvenirs dans un dôme à l’aide d’une machine holographique. Les souvenirs produits sont inédits et doivent avoir l’air le plus authentiques possibles. Il est en effet illégal d’implanter de vrais souvenirs dans les répliquants. Stelline qualifie son travail d’art. Lorsque K (Ryan Gosling), le personnage principal, va lui rendre visite, Stelline décrit les souvenirs qu’elle fabrique de la manière suivante : « I can’t help your future, but I can give you good memories to think back on and smile. […] It feels authentic. And if you have authentic memories, you have real human responses. » (1:18:59) Dans cette scène, on la voit fabriquer en quatre dimensions un souvenir d’enfance relié à un anniversaire. Pour ce faire, elle utilise le Memory Orb, une petite machine cylindrique munie de bagues qui rappellent vaguement celles d’un objectif d’appareil photo et qui lui permettent de paramétrer les détails du souvenir. Stelline possède aussi une autre machine de mémoire qui offre la possibilité de lire les souvenirs des individus. Lorsque K lui demande s’il est possible de déterminer la réalité ou l’artificialité d’un de ses propres souvenirs, elle l’invite à utiliser cette machine de lecture (1:20:00). Celle-ci se présente comme une installation rappelant les sièges employés dans la conception d’autres machines imaginaires (à l’exemple de Total Recall ou de Dollhouse, avec des variantes : l’individu assis sur le siège, passif, semble traversé d’ondes, tandis que Stelline perçoit les images de ses souvenirs par le biais d’une sorte de lunette rappelant celle d’un microscope électronique (ainsi pourrions-nous appeler ce lecteur un « mémoriscope »).